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Le marketing 3.0, qu’est ce que c’est?

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Le 24 septembre 2012
En vue de ma présentation pour la keynote du salon Time2marketing Lyon le 30 octobre, j’ai commencé ma petite enquête bibliographique sur le marketing 3.0 la thématique du salon. Pour ce fair, j’ai acheté Marketing 3.0 écrit en 2010 par Philip Kotler, un pape du marketing ayant écrit entre autre Marketing Management constamment réédité , et Hemrawan Kartaja et Iwan Setiawan, 2 consultants en marketing indonésiens.
 Le propos de marketing 3.0 est de constater l’avènement d’une nouvelle forme de marketing, plus humaine, poussée par les tendances suivantes:
  • La participation et la collaboration sur les réseaux sociaux, etc. Les auteurs évoquent entre autre les « new wave technology » telles que le mobile, les réseaux sociaux, etc. qui développent l’ubiquité au delà de ce que permettait les seuls technologies de l’information (pour ma part je les ai traduit en SoLoMo pour Social Local et Mobile),
  • La mondialisationà la fois économique mais aussi politique et socio-culturelle. Nos systèmes de valeurs évoluent avec la crise, la prise de conscience écologique, les échanges culturelles.
  • L’émergence de la classe des créatifs culturels qui prennent leurs distances avec la Consommation et privilégient un retour aux valeurs.
Ainsi, fort de constat, les auteurs  définissent le marketing 3.0 comme un marketing centré sur les valeurs, là où le marketing 1.0 était centré sur le produit, et le 2.0 était centré sur le client (voir le tableau ci-dessous qui résume les différents éléments de comparaison).
Néanmoins, une fois le concept de marketing 3.0 définit, le livre se perd dans une énumération des dernières tendances en stratégie d’entreprise repackagées en Marketing 3.0 pas très intéressantes:
  • Marketer la mission aux clients,
  • Marketer les valeurs aux employés,
  • Marketer les valeurs aux distributeurs,
  • Marketer la vision aux actionnaires,
  • Réaliser la transformation socia-culturel,
  • Créer des entrepreneurs sociaux dans les pays émergents,
  • Promouvoir développement durable
Ainsi, je vous laisse découvrir ci-dessous le tableau de comparaison entre les 3 versions du marketing que je trouve malgré tout très intéressant et je ne manquerais pas de revenir vers vous pour partager plus avant ma réflexion au delà de ces premiers concepts… A savoir comment faire du marketing pour des consommateurs qui n’aiment plus consommer? Quel impact pour le marketing de la marque? Et pour tout ce qui en découle…
Et vous qu’en pensez-vous? Convaincu par le marketing 3.0? Si tel est le cas n’hésitez pas à télécharger notre livre blanc sur l’Inbound marketing et à consulter notre présentation faisant le lien entre Marketing 3.0 et Inbound Marketing

Posté par

Fondateur d'1min30
Entrepreneur spécialisé dans le marketing interactif, les technologies digitales et les services numériques depuis 1996, Gabriel a accompagné le lancement de nombreuses révolutions : 3G, VoD, Triple Play, TV Mobile, Apps Smartphone, Smart Grid, etc.
En 2012, il crée l'agence 1min30, spécialisée en Inbound Marketing.
L'ayant expérimenté personnellement, Gabriel a pu mesurer concrètement tous les bénéfices apportés. Et le propose maintenant à ses clients.

BAIKAL ICE live sound

Google Unveils Smart Contact Lens That Lets Diabetics Measure Their Glucose Levels

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Dyson’s Latest Vacuums Ditch Not Only The Bag But Also The Filter Maintenance
This isn’t Google Glass in a contact lens, but it may just be Google’s first step in this direction. The company’s Google X lab just teased a smart contact lens on its blog that is meant to help diabetics measure their glucose levels.
The company says it is currently testing prototypes of this contact lens that use a tiny wireless chip and a miniaturized glucose sensor. These chips are embedded in between two soft layers of lens material.
In its announcement, Google notes that scientists have long looked into how certain body fluids can help them track glucose levels. Tears, it turns out, work very well, but given that most people aren’t Hollywood actors and can cry on demand, using tears was never really an option.
According to Google, the sensor can take about one reading per second, and it is working on adding tiny LED lights to the lens to warn users when their glucose levels cross certain thresholds. The sensors are so small that they ”look like bits of glitter.”
Google says it is working with the FDA to turn these prototypes into real products and that it is working with experts to bring this technology to market. These partners, the company says, “will use our technology for a smart contact lens and develop apps that would make the measurements available to the wearer and their doctor.”
It’s worth noting that other companies, including Microsoft, have previously shown similar lenses. Until now, though, it doesn’t look like there are any smart lenses available in the U.S. yet. Given Google’s reach, however, it may just be able to find the right partners to bring this technology to market.




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Crise du management public

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© fotodesign-jegg.de - Fotolia.com

Le management public est en crise ! Pour en sortir un expert de cette question, Francis Massé, propose des pistes de réflexion et d'action.

La crise du management public n’arrive pas par hasard. Elle manifeste une inadaptation croissante du modèle qui a prévalu jusqu’ici et qui est aujourd’hui obsolète. Depuis les années quatre-vingt, les élites administratives ont participé au mouvement de dérégulation qui s’inscrivait dans l’émergence de la mondialisation. Le pouvoir s’est déplacé vers l’économie et les banques. L’Etat s’est affaibli, mais depuis 2008 avec la crise financière qui a notamment découlé des excès de la dérèglementation, il cherche ses marques pour définir son rôle et affirmer une efficacité contestée.

Un triple vide : société, Etat et services public

Cette crise des Etats et de la gouvernance publique existe partout. Elle prend en France une gravité supplémentaire liée à notre culture publique, largement marquée par l’absence de confiance, de pragmatisme et de capacité à tisser du lien social. La crise multiforme que nous vivons aujourd’hui souligne les excès de l’ultralibéralisme qui sont le fruit d’une réalité oubliée. En effet, le système capitaliste avait hérité d’une série de types anthropologiques qu’il ne crée pas de lui-même : des juges incorruptibles, des fonctionnaires intègres et webériens, des éducateurs qui se consacrent à leur vocation, des ouvriers qui ont un minimum de conscience professionnelle. Ces types découlaient eux-mêmes de valeurs sociales alors consacrées et incontestables comme l’honnêteté, le sens du service public, la transmission du savoir ou encore la  belle ouvrage, etc.
Hormis l’entrepreneur schumpétérien, malheureusement peu reconnu en France, le capitalisme n’a pas – et ne peut – créer une société décente. C’est le  rôle de la société et du politique. On est donc face à un triple vide :
-  une société en pleine créativité, mais aussi en souffrance, du fait de la crise et des désordres qu’elle engendre ;
- un Etat qui a perdu les manettes de l’économie mais qui ne connaît pas l’entreprise et le système de production et demeure désorienté face aux mouvements créatifs de la société au service de laquelle il devrait être ;
-  des services publics qui ont parfois perdu le sens de leur rôle et dont l’efficacité est affaiblie, alors que les besoins et les attentes sont importants.

Des défis multiples

Dans un tel contexte, le management public est confronté à des défis multiples :
- Il doit changer de référentiels et, en particulier, construire des stratégies positives, sans déni des réalités actuelles et futures ;
-  Il doit développer une posture de coopération avec la société, pour établir des règles comme pour  répondre à des besoins, ceci avec un sens pragmatique plus élevé ;
- Il doit s’appuyer sur des managers mieux formés et aptes à comprendre la nouvelle donne.

Ce n’est que dans ces conditions que la demande d’Etat qui s’accroît, pourra être satisfaite. Des services publics efficaces sont en effet, à côté d’un système productif libéré d’entraves inutiles, l’un des moyens pertinents pour sortir de la crise. Il existe aujourd’hui une opportunité pour stimuler et réussir la modernisation de l’action publique. Le « Choc de simplification » et le « Pacte de responsabilité » lancés par le président de la République, fournissent en effet l’occasion de moderniser les procédures au profit des citoyens et des usagers du service publics, notamment les entreprises, tout en opérant des transformations internes des organisations publiques.
Le service public ne pourra se moderniser qu’en retrouvant le sens pratique de ses missions au service des citoyens. Or l’initiative du président Hollande crée les conditions pour créer un mouvement et susciter un nouvel état d’esprit, capables d’appréhender concrètement les besoins de la société et les missions nouvelles du service public. L’Etat retrouvera-t-il  ainsi ses finalités en harmonie avec le corps social ?

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Francis Massé

Francis Massé

Is Spiritual Growth the Key to Leadership Growth?

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If you want to grow as a leader, where do you start? Should you take on a new leadership role at work? Get a coach? Read leadership books? Sign up for formal leadership training?
I'm increasingly of the view that the best way to grow as a leader is to grow spiritually. If there's just one thing you do to improve your leadership, start there.
It feels funny to be advocating this. I left the Mormon church as a teenager, don't consider myself religious, and typically shy away from discussing these topics in a professional context. Yet here I am, rediscovering my spirituality through executive coach training of all things... and now evangelizing about it. The joke's definitely on me!
Coaching, it turns out, feels like ministry. It's the way you show up with open ears and no judgement, the orientation toward service, the forced awareness of others as spiritual beings in addition to physical and emotional ones. In a word, it's discipleship. I jokingly refer to my pro bono coaching — sessions with strangers who otherwise couldn't afford it — as the Mormon mission I never took.
I've come to realize that the more I grow spiritually, the better I can serve others. Spirituality is the equivalent of core strength for leaders. It's the wellspring of all the traits we associate with leaders: conviction, inner strength, humility, compassion, and my favorite, fearlessness. Spirituality is what connects us to our higher selves, the spark that animates and inspires as we relate to others. It's the source of "why" in life and work, drawn from within or from a higher power.
If there were such a thing as Spiritual Intelligence, and some good books make a case for it, our greatest historical leaders would score off the charts. But maybe that logic is circular: Isn't spiritual strength partly what makes a leader great in the first place? Think about Gandhi or MLK or Mandela.
Even Steve Jobs was fundamentally animated by his spirituality. He carried around Paramahansa Yogananda's book, "Autobiography of a Yogi," since he was a teenager. Copies of it were handed out to guests at his funeral, a detail he no doubt specified in advance. His Stanford Commencement speech was as much a sermon as anything. My favorite line: Remembering that you are going to die is the best way I know to avoid the trap of thinking you have something to lose.
So how do you grow spiritually? Where do you start with that? Spiritual growth comes from four sources:
  • Faith - belief in a higher power, spiritual dimension, or guiding doctrine;
  • Mindfulness - consciousness, inner-connection, and present-moment awareness;
  • Service - service to others, compassion and kindness in thoughts or action; or
  • Fellowship - interaction with others, spiritual exchange, community
Joseph Campbell's famous book, "The Hero with a Thousand Faces," says a spiritual journey starts with a "call to adventure"— a catalyst or sign that sets us on our quest.
I believe spiritual growth starts with action, with regular practices that connect you to faith, mindfulness, service, and/or fellowship. For me, it started with praying to God every night, practicing yoga 3x/week, and reorienting myself around being helpful towards others. It's a start.
If you're not sure where to begin, try one of these steps:
  • pray or meditate for two minutes a day for two weeks
  • do one act of kindness per day for two weeks
  • do four hours of service per week, interacting with other people
  • take a weekly hike up a mountain, alone, and say a prayer at the top
  • reconnect with your religion or faith community, go to church (or equivalent)
With an open heart, you might be surprised where this takes you as a leader. Perhaps you'll reach the same conclusion I am reaching: that leadership development is a spiritual endeavor, and vice versa.
Follow me @jeffgiesea
Pic: Travels in Tibet and Nepal, 2010

27 Incredible Views You’d Only See If You Were A Bird

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1. Barcelona, Spain

Barcelona, Spain

2. New York City, N.Y.

New York City, N.Y.
Sergey Semenov

3. Dubai, United Arab Emirates

Dubai, United Arab Emirates
Google Earth

4. Paris, France

Paris, France
Yann Arthus-Bertrand

5. Chicago, Ill.

Chicago, Ill.
Photo by Sergey Semerov

6. Nördlingen, Germany

Nördlingen, Germany

7. Sydney, Australia

Sydney, Australia

8. Seattle, Wash.

Seattle, Wash.

9. Bern, Switzerland

Bern, Switzerland

10. Giza, Egypt

Giza, Egypt
Satellite

11. Mount Reinebringen, Norway

Mount Reinebringen, Norway

12. Vatican City

Vatican City

14. Shanghai

Shanghai

15. Amsterdam

Amsterdam

16. Bac Son Valley, Vietnam

Bac Son Valley, Vietnam

17. Mexico City

Mexico City

19. Athens

Athens

20. Moscow

Moscow

21. Turin, Italy

Turin, Italy
bass_nroll / Getty Images

22. Island in the Maldives

Island in the Maldives

23. Cape Town, South Africa

Cape Town, South Africa

24. Mogadishu, Somalia

Mogadishu, Somalia
Google Earth / Via reddit.com

25. Orange County, Florida

Orange County, Florida
Update: Has been corrected to Florida, previously said California.

26. Tulip Fields in Spoorbuurt, North Holland, Netherlands

Tulip Fields in Spoorbuurt, North Holland, Netherlands

27. San Francisco

San Francisco
Photo by Chris Saulit

Qu'y a-t-il de spécial dans le cerveau humain ?

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SpeakersSuzana Herculano-Houzel: Neuroscientist

Suzana Herculano-Houzel
Suzana Herculano-Houzel shrunk the human brain by 14 billion neurons -- by developing a new way to count them.

Why you should listen to her:

How many neurons make a human brain? For years, the answer has been (give or take) 100 billion. But neuroscientist Suzana Herculano-Houzel decided to count them herself. Her research approach involved dissolving four human brains (donated to science) into a homogeneous mixture -- in her lab at the Institute of Biomedical Sciences in Rio de Janeiro, they call it "brain soup." She then took a sample of the mix, counted the number of cell nuclei belonging to neurons, and scaled that up. Result: the human brain has about 86 billion neurons, 14 billion fewer than assumed -- but intriguingly, far more than other animals, relative to brain size.
She suggests that it was the invention of cooking by our ancestors -- which makes food yield much more metabolic energy -- that allowed humans to develop the largest primate brain. She's now working on elephant and whale brains to test her hypothesis.
"It took me a couple of months to make peace with this idea that I was going to take somebody's brain or an animal's brain and turn it into soup. ... It's really just one more method that's not any worse than just chopping your brain into little pieces."
Read more about Suzana Herculano-Houzel on the TED Blog »

Des tableaux de maîtres prennent vie dans une vidéo hypnotique

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Le vidéaste italien Rino Stefano a eu la brillante idée de compiler 100 chefs-d’oeuvres de l’histoire de l’art et de leur donner vie dans une vidéo hypnotique. Elle s’ouvre sur une séquence composée de paysages enchanteurs et d’une majorité de tableaux du Français William Adolphe Bouguereau, connu pour avoir illustré à de nombreuses reprises les liens familiaux et l’enfance.
La douceur laisse peu à peu place à une tonalité plus sombre où l’on découvre des oeuvres du Caravage, dont les célèbres David avec la tête de Goliath et La Méduse, mêlés à toute une série de clairs-obscurs fascinants.



La liste des tableaux utilisés :

  • Asher Brown Durand – The Catskill Valley‬
  • Thomas Hill – Emerald Bay, Lake Tahoe
  • Albert Bierstadt – Among the Sierra Nevada Mountains
  • Ivan Shishkin – Forest edge
  • James Sant – Frau und Tochter‬
  • William Adolphe Bouguereau – L’Innocence
  • William Adolphe Bouguereau – Song of the Angels
  • Ivan Shishkin – Bach im Birkenwald
  • William Adolphe Bouguereau – Le Baiser
  • William Adolphe Bouguereau – Nature’s Fan- Girl with a Child
  • William Adolphe Bouguereau – The Motherland
  • Ivan Shishkin – Morning in a Pine Forest
  • William Adolphe Bouguereau – The Nut Gatherers
  • William Adolphe Bouguereau – Two Sisters
  • William Adolphe Bouguereau – Not too Much to Carry
  • Thomas Cole – The Course of Empire : Desolation
  • Martinus Rørbye – Entrance to an Inn in the Praestegarden at Hillested
  • William Adolphe Bouguereau – Sewing
  • William Adolphe Bouguereau – The Difficult Lesson
  • William Adolphe Bouguereau – The Curtsey
  • William Adolphe Bouguereau – Little Girl with a Bouquet
  • Claude Lorrain – Pastoral Landscape
  • William Adolphe Bouguereau – Cupidon
  • William Adolphe Bouguereau – Admiration
  • William Adolphe Bouguereau – A Young Girl Defending Herself Against Eros
  • William Adolphe Bouguereau – Dawn
  • William Adolphe Bouguereau – L’Amour et Psych
  • William Adolphe Bouguereau – Spring Breeze
  • William Adolphe Bouguereau – The Invation
  • William Adolphe Bouguereau – Nymphs and Satyr
  • William Adolphe Bouguereau – The Youth of Bacchus
  • William Adolphe Bouguereau – The Birth of Venus
  • William Adolphe Bouguereau – The Nymphaeum
  • Gioacchino Pagliei – Le Naiadi
  • Luis Ricardo Falero – Faust’s Dream
  • Luis Ricardo Falero – Reclining Nude
  • Jules Joseph Lefebvre – La Cigale
  • John William Godward – Tarot of Delphi
  • Jan van Huysum – Bouquet of Flowers in an Urn
  • Adrien Henri Tanoux – Salammbo
  • Guillaume Seignac – Reclining Nude
  • Tiziano – Venere di Urbino
  • Louis Jean François Lagrenée – Amor and Psyche
  • Correggio – Giove e Io
  • François Gérard – Psyché et l’Amour
  • John William Godward – Contemplatio
  • John William Godward – Far Away Thought
  • John William Godward – An Auburn Beauty
  • William Adolphe Bouguereau – Flora And Zephy
  • Louis Jean François Lagrenée – Amor and Psyche
  • Fritz Zuber-Bühle – A Reclining Beauty
  • Paul Peel – The Rest
  • Guillaume Seignac – L’Abandon
  • Victor Karlovich Shtemberg – Nu à la peau de bete
  • Pierre Auguste Cot – Portrait Of Young Woman
  • Ivan Shishkin – Mast Tree Grove
  • Ivan Shishkin – Rain in an oak forest
  • William Adolphe Bouguereau – Biblis
  • William Adolphe Bouguereau – Elegy
  • Marcus Stone – Loves Daydream End
  • William Adolphe Bouguereau – Head Of A Young Girl
  • Hugues Merle – Mary Magdalene in the Cave
  • Andrea Vaccaro – Sant’Agata
  • Jacques-Luois David – Accademia (o Patroclo)
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – San Giovanni Battista
  • Roberto Ferri – In Nomine Deus
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – Cristo alla colonna
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – Incoronazione di spine
  • Paul Delaroche – L’Exécution de lady Jane Grey en la tour de Londres, l’an 1554
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – Decollazione di San Giovanni Battista
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – Sacrificio di Isacco
  • Guido Reni – Davide e Golia
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – Giuditta e Oloferne
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – Davide e Golia
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – Salomè con la testa del Battista
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – Davide con la testa di Golia
  • Jakub Schikaneder – All Soul’s Day
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – San Gerolamo scrivente
  • Guido Reni – San Gerolamo
  • Pieter Claesz – Vanitas
  • Gabriel von Max – The Ecstatic Virgin Anna Katharina Emmerich
  • William Adolphe Bouguereau – Portrait of Miss Elizabeth Gardner
  • Jan Lievens – A young girl
  • Johannes Vermeer – Portrait of a Young Girl
  • Luis Ricardo Falero – Moonlit Beauties
  • Joseph Rebell – Burrasca al chiaro di luna nel golfo di Napoli
  • Luis Ricardo Falero – Witches going to their Sabbath
  • William Adolphe Bouguereau – Dante And Virgil In Hell
  • Théodore Géricault – Cheval arabe gris-blanc
  • Peter Paul Rubens – Satiro
  • Felice Boselli – Skinned Head of a Young Bull
  • Gabriel Cornelius von Max – Monkeys as Judges of Art
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – Medusa
  • Luca Giordano – San Michele
  • Théodore Géricault – Study of Feet and Hands
  • Peter Paul Rubens – Saturn Devouring His Son
  • Ilya Repin – Ivan il Terribile e suo figlio Ivan
  • Franz von Stuck – Lucifero Moderno
  • Gustave Doré – Enigma
  • Arnold Böcklin – Die Toteninsel (III)
  • Sophie Gengembre Anderson – Elaine
  • John Everett Millais – Ophelia
  • Paul Delaroche – Jeune Martyre
  • Herbert Draper – The Lament for Icarus
  • Martin Johnson Heade – Twilight on the St. Johns River
  • Gabriel Cornelius von Max – Der Anatom
  • Enrique Simonet – Anatomía del corazón
  • Thomas Eakins – Portrait of Dr. Samuel D. Gross (The Gross Clinic)
  • Rembrandt – Lezione di anatomia del dottor Tulp
  • Peter Paul Rubens – Die Beweinung Christi
  • Paul Hippolyte Delaroche – Die Frau des Künstlers Louise Vernet auf ihrem Totenbett
  • Elizabeth Jane Gardner Bouguereau – Too Imprudent
  • William-Adolphe Bouguereau – The Prayer
  • Michelangelo Merisi da Caravaggio – Amorino dormiente
  • Augustin Théodule Ribot – St. Vincent (of Saragossa)
  • Caspar David Friedrich – Abtei im eichwald

Les gifs surréalistes de Romain Laurent

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On avait déjà parlé de Romain Laurent et de sa série renversante Tilt. Aujourd’hui, on se concentre sur son nouveau travail : des portraits animés totalement absurdes, dans le cadre d’un projet intitulé One Loop Portrait a Week. Le photographe français – qui s’inspire à la fois de Sempé, Michel Gondry et Quentin Dupieux pour ne citer qu’eux – délivre sur son site un gif inédit par semaine, et nous transporte à chaque fois dans son univers surréaliste.
Contacté par Konbini, l’artiste explique qu’il a réalisé cette série afin “d’expérimenter avec un médium hybride” pour pouvoir laisser aller son ”imagination spontanément, sans pression et sans concept directeur hors de la forme”. 
Pour le choix des images, le photographe s’explique :
Généralement, j’ai une idée générale de l’image finale avant le shoot. Je filme de courtes séquences et d’autres éléments nécessaires. Je fais quelques montages rapides et fonctionne au feeling. Si le mouvement ou le sentiment me convient, je finalise rapidement le visuel et le publie sur Tumblr.
One Loop Portrait a Week est finaliste des New York Photo Awards. Une sélection de ces oeuvres sera d’ailleurs exposée à la PowerHouse Arena a Brooklyn a partir du 21 janvier. L’artiste est également en train de travailler sur deux autres séries de photos personnelles, sur un clip et sur un éventuel court métrage.
Crédit photo : Romain Laurent
Crédit photo : Romain Laurent
Crédit photo : Romain Laurent
Crédit photo : Romain Laurent
Crédit photo : Romain Laurent
Crédit photo : Romain Laurent
Crédit photo : Romain Laurent
Crédit photo : Romain Laurent
Crédit photo : Romain Laurent
Crédit photo : Romain Laurent

Le magicien et le barbare

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Oublier Darwin

« L’homme qui est né de la femme n’a que peu de temps à vivre et il est rassasié de misère. »
Livre de Job
Le-temps-des-magiciens 

Le barbare est celui qui vit hors de l’empire. Il ne connaît pas les lois de l’empire et ne les respecte donc pas.

Quel est cet empire d’Homosapiens, cette civilisation dont on fait tant de cas ?

Dans le monde d’Homosapiens, la vie est dure. La faim, les prédateurs, les maladies, la souffrance physique et les ennemis menacent. On a peu de chances de mourir dans son lit au bout de son âge.
Pour s’extraire de cette condition dramatique, l’homme a été un combattant, un lutteur et un travailleur. Il lutte pour échapper aux prédateurs avec le feu et les armes – en Europe, il occupe la même niche écologique que le loup et c’est le loup qui doit lui laisser la place. Il lutte et travaille pour ne pas avoir faim en passant de la chasse à l’agriculture et à l’élevage. Il lutte contre la maladie avec la médecine, qui connaît des succès incroyables. Il lutte contre la souffrance physique et la souffrance morale. Il lutte contre ses ennemis avec des armées organisées.
L’homme est devenu homme quand il s’est extrait de l’ordre naturel, quand il s’est occupé des malades plutôt que de les abandonner, quand il a soigné et nourri ses parents parce qu’il ne voulait pas qu’ils meurent.

L’ordre du monde tel que le décrit Darwin est la survie du plus apte, du plus fort. Il s’agit d’un monde dur, impitoyable, qui prodigue souffrance et misère. L’homme n’a cessé de lutter contre cet ordre du monde, d’y insérer une autre loi, celle de la compassion, de l’amour, de la réduction de la souffrance. Avec des succès, insuffisants bien sûr, mais néanmoins des succès. Il y a toujours de la misère, des guerres inutiles (pléonasme), des maladies… Mais notre soumission à ces lois éprouvantes est tout de même réduite.

L’homme est certes un lutteur, mais ses victoires ne l’émerveillent pas. Il en voit constamment les limites et les imperfections.

Pas de quoi pavoiser ni savourer les limbes capiteux de la béatitude.

La technique ne nous procure que des victoires limitées et temporaires sur la souffrance ; si limitées et si temporaires que cette technique est sans cesse mise en accusation pour ses dangers présupposés ; si limitées et si temporaires que nous sommes surtout sensibles à ses défaites.
Ainsi apprend-on qu’au début de l’épidémie de grippe A, 79 % des Français ne veulent pas se faire vacciner. Le retournement par rapport aux époques précédentes est spectaculaire, puisque l’on craint davantage le vaccin que la maladie. L’homme a renoncé à lutter (ou plutôt il préfère lutter contre l’État que contre le virus), et ce renoncement pourrait un jour lui coûter une ravageuse épidémie. La technique a ouvert une nouvelle dimension dans laquelle la loi naturelle de la souffrance et de la lutte ne s’applique pas. L’homme a renoncé à lutter quand il a perdu le sens du tragique et de la dureté du monde. Dès que l’épidémie de grippe A a commencé à tuer, l’opinion s’est retournée et l’on a vacciné en masse.
Il s’agit bien d’oublier Darwin car, au sens darwinien de la survie de l’espèce, le succès de l’espèce humaine est spectaculaire. Ce succès est même devenu menace : il y a trop d’hommes pour cette Terre. Est-ce croyable ?

Du lettré inquiet à l’illettré émerveillé

Cet homme technicien qui a façonné le monde ces derniers siècles avait deux caractéristiques : il était plutôt cultivé puisque c’est dans la dimension culturelle que le monde se développait ; et il était assez peu heureux à force de vigilance, d’inquiétude, de frustration devant ses échecs. La culture crée une tension frustrante entre l’immensité de ce que je peux penser, élaborer, désirer et la plate quotidienneté de ce que je vis. Fontenelle le remarquait déjà quand il écrivait : « Si nous habitions la Lune, nous imaginerions-nous bien qu’il y eût ici-bas cette espèce bizarre de créatures que l’on appelle le genre humain ? Pourrions-nous bien nous figurer quelque chose qui eût des passions si folles, et des réflexions si sages ; une durée si courte et des vues si longues, tant de science sur des choses presque inutiles, et tant d’ignorance sur les plus importantes ; tant d’ardeur pour la liberté, et tant d’inclination à la servitude ; une si forte envie d’être heureux, et une si grande incapacité de l’être. »[1]
Ni le vaccin, ni l’automobile, ni le téléphone portable ne donnent une réponse claire et acceptable à la question philosophique du bonheur. C’est du moins ce qu’ont dit et pensé des générations de lettrés inquiets qui tenaient la difficulté d’être heureux pour une compagne certes un peu pénible mais avec laquelle le lien est indissoluble, une tumeur gênante mais non opérable et finalement bénigne. Des générations de lettrés inquiets qui, dans la lignée de Montaigne, regardaient la question du bien vivre, du « vivre à propos » comme un sujet philosophique et toujours irrésolu.
Mais voici que se lèvent des générations d’un tout autre calibre, des générations émerveillées par les prouesses technologiques. Des générations qui mettent leur bonheur dans leur iPhone – ou plutôt des générations d’iPhone qui mettent le bonheur chez leurs utilisateurs. Pourquoi pas ?
Si vous demandez au nouveau possesseur d’un iPhone comment s’est passée sa soirée, il vous répond que le GPS de l’iPhone lui a permis d’y aller sans se tromper. Si vous lui demandez s’il a aimé le restaurant, il vous explique qu’il a réservé avec l’iPhone. Si vous lui demandez comment va sa petite amie, il va voir sur facebook. Si vous lui demandez comment il va, il ne répond pas, il est en train de répondre à un e-mail reçu sur l’iPhone.
Et il est émerveillé, cela fait plaisir à voir. Il semble qu’il n’y ait rien d’autre dans sa vie. L’iPhone suffit à son bonheur. Dans quelques mois, une nouvelle innovation viendra derechef solliciter sa capacité d’émerveillement.
Et qu’en est-il de l’élève qui a un professeur d’anglais à la page. Le professeur emmène les élèves dans la salle d’informatique et leur annonce que le cours consistera à faire un exercice sur Internet. Il n’y a pas un ordinateur par élève, mais peu importe. Le professeur donne le lien. Le téléchargement fonctionne mal. Les élèves passent donc leur temps à faire de l’informatique plutôt que de l’anglais. Enfin, « faire de l’informatique » est une expression un peu trop valorisante, il s’agit plutôt d’attendre bêtement devant un écran rétif et d’essayer de pianoter au hasard de temps en temps. Modérément éducatif. Et quand Internet veut bien fonctionner, les élèves ouvrent une fenêtre sur leur écran avec un jeu et basculent sur le devoir d’anglais quand le professeur s’approche. Bref, ils jouent tranquillement. Ainsi va la vie. Avec un professeur qui veut utiliser les moyens les plus récents de la technologie, les élèves passent leur temps à attendre ou à jouer.
Ils sortent du cours émerveillés.
Et s’en vont vers d’autres émerveillements, comme la vidéo amusante déposée par un copain sur Facebook.
Des émerveillés permanents.
Certes, ils sont illettrés, puisqu’ils partagent leur vie avec des écrans. La complexité des choses, la profondeur des interrogations, ils ne les découvrent pas dans les livres. L’inquiétude du lettré, ce n’est pas leur truc. La plate quotidienneté de la vie qui vient faire contrepoint au voyage de la culture n’est pas leur fort. Dans le monde de la technologie, point de monotonie mais au contraire une ouverture permanente sur le monde et sa diversité. Quant au voyage de la culture dans la profondeur et la complexité, il est clair qu’on en parlera une autre fois.
Un contrepoint culturel à la quotidienneté de la vie ? Ce n’est pas sur Wikipédia, ce truc-là.
Leur capacité d’émerveillement fait plaisir à voir en ce qu’elle donne un accès presque immédiat au bonheur, même si elle paraîtra naïve pour qui considère que le bonheur ne saurait être immédiat.

L’émerveillement et l’étonnement

« Les jeunes d’aujourd’hui aiment le luxe, ils sont mal élevés, méprisent l’autorité, n’ont aucun respect pour leurs aînés et bavardent au lieu de travailler. »
Platon
La capacité de s’étonner est paraît-il la qualité du philosophe. S’étonner, ne pas considérer que ce qui est va de soi mais doit être interpellé, interrogé. Sans interrogation, pas de prise de recul, pas de discours sur le monde.
Mais s’étonner de ce qu’est le monde, c’est imaginer qu’il pourrait être différent, c’est refuser de se résigner. De l’étonnement à l’insatisfaction, le pas est vite franchi. L’intellectuel a un discours critique sur le monde – critique au sens de prise de recul. On ne saurait, en ce sens, critiquer la posture critique. Mais cette dernière peut tourner à la mauvaise humeur, au tempérament chagrin. Le philosophe ne passe pas pour un pisse-froid, en ce sens qu’il sait normalement festoyer d’abondance, mais on le sent triste, ressassant une humeur morose qu’entretient sa vision d’un monde toujours négatif.
La critique porte bien souvent en priorité sur la jeunesse, qui représente le monde d’aujourd’hui et de demain. Innombrables sont les textes qui, depuis l’origine de l’écriture, à l’instar de cette citation de Platon, nous rappellent que les jeunes ne valent rien. Vraiment rien. Et que, avec eux, le monde ne pourra qu’aller de mal en pis.
Car la jeunesse passera, mais la bêtise restera. C’est clair.
La posture critique implique de savoir imaginer que le monde pourrait être différent de ce qu’il est, qu’il pourrait, subséquemment, être meilleur. Mais il ne l’est pas. Ce monde idéal qui pourrait être si chacun y mettait un peu du sien – ce n’est pas grand-chose, tout de même – n’advient jamais. Frustration. Le monde est toujours décevant, c’est sans cesse vers le bas, vers la bêtise et la lâcheté qu’il semble attiré. Raymond Aron, qui s’y connaissait en posture critique, disait que les deux moteurs de l’histoire étaient la bêtise et l’ignorance. Il vient hélas à l’esprit de chacun mille exemples qui lui donnent raison.
L’histoire est rendue tragique par ce fossé jamais comblé entre ce qui pourrait si facilement être avec un peu de discernement et cette souffrance où nous enferme notre bêtise quotidienne et récurrente.
Pas de quoi s’émerveiller, donc.
Alors s’émerveiller de posséder un iPhone demande une certaine fraîcheur d’esprit, bien loin de la distance critique de l’humaniste qui rêve toujours d’un monde meilleur. Pour que l’iPhone puisse devenir l’actualité du monde meilleur, ne faut-il pas une certaine naïveté ? Le progrès se fonde sur l’idée d’insatisfaction. Il a d’ailleurs mis en place une machine à insatisfaire avec la publicité, ainsi qu’on l’a vu.
Pour cela, l’humanisme est triste, d’une tristesse ontologique, qui regarde de haut l’émerveillement.
Eh bien, il n’est nullement démontré que l’on ne puisse pas s’émerveiller du progrès technique, jouir de son iPhone, profiter béatement des fonctionnalités multiples de son ordinateur en passant du chat sur Skype avec des amis aux chefs d’œuvre du cinéma. Il n’est nullement démontré que ces outils ne puissent contribuer au sentiment de bonheur.
Si l’on dépasse l’idée que l’homme émerveillé par la technologie – le geek de base ou le geek un peu sophistiqué – est un idiot illettré et attardé, on remarquera que ces outils sont surtout utilisés pour créer du lien entre les hommes. Le chat sur Skype, c’est bel et bien du lien avec des proches ; le cinéma comme le livre nous relient à la création humaine dans ce qu’elle peut avoir de plus créatif justement ; les vidéos sur YouTube ou Dailymotion ouvrent de nouveaux espaces à la créativité ; Facebook et les autres sites communautaires permettent d’inventer des façons nouvelles et créatives de tisser du lien.
Dans l’art du lien entre les hommes, les ordinateurs, Internet, l’iPhone et tout ce qui nous attend pour demain sont des outils d’une efficacité inégalée. Et à l’efficacité ils allient progrès et nouveauté à un rythme surprenant : le temps que nous prenions conscience de leurs potentialités et que nous apprenions à les utiliser, il en apparaît de nouvelles.
Or le lien avec les autres est, de fait, un des ingrédients du sentiment de bonheur. Les études sur le bonheur convergent sur un point : plus une personne a de liens avec d’autres personnes (et si possible des liens non conflictuels), plus il y a de probabilités pour qu’elle éprouve un sentiment de bonheur. Cela explique une bizarrerie des sondages sur le bonheur : une immense majorité des personnes sondées estime que notre société est dure, mais plus de 90 % d’entre elles se disent néanmoins heureuses. Car qu’importe le décor, qu’il soit triste ou gai, c’est en tissant ses propres liens que l’on construit son bonheur et sa joie.
Quand elles construisent du lien, les technologies de l’information peuvent être aussi des technologies du bonheur, si naïve que puisse paraître cette idée.
L’émerveillé par la technologie n’est donc pas nécessairement un idiot illettré,il peut aussi être un sage.
La technique a fourni du confort : du chauffage, de la nourriture, etc. Avec cette déception de constater que le confort est seulement absence de souffrance, qu’il n’est pas le bonheur, mais au mieux l’ataraxie et au pire le vide.
Maintenant que la technologie agit au cœur de la mise en relation, ce n’est plus au confort qu’elle s’attaque, mais au vide. La technologie met en place des tuyaux de communication qui, en tant que tels, ne sont que des objets. Mais, dans ces tuyaux, il peut y avoir du contenu – l’inverse du vide.
Il y aurait presque de quoi s’émerveiller si l’on ne craignait que ce contenu ne soit en fait une nouvelle figure du vide.

L’émerveillé et le résistant

« Si l’on n’a rien à se dire, on se voit et on en parle. »
Raymond Devos
Ce matin, comme presque chaque jour avant de me mettre travail, je vais faire un tour sur Facebook. Histoire de voir ce que mes centaines d’amis ont publié depuis hier. Du point de vue technologique, Facebook est un outil intéressant – j’allais écrire efficace – pour être en lien avec ses amis, avoir de leurs nouvelles et leur donner des siennes.
Le cadre technique n’est pas mauvais et, surtout, il a l’avantage d’exister. Mais deux déceptions m’attendent.
Première déception, la plupart de mes amis dans la vie ne sont pas mes amis sur Facebook, parce qu’ils refusent d’y aller. Comme la plupart des gens, j’ai une majorité d’amis de ma génération et je suis né sous la IVe République. Comme le disait Alphonse Allais : « On aura beau dire, on aura beau faire, il y aura de moins en moins de gens qui ont connu Napoléon. » (Il y a d’ailleurs, semble-t-il, une malédiction liée à Napoléon, puisque toutes les personnes qui lui ont serré la main sont mortes…)
Bref, on aura beau dire, on aura beau faire, il y aura de moins en moins de gens nés sous la IVe République. Mais, en attendant qu’il n’y en ait plus, cela fait un peu de monde, la génération du baby-boom gentiment relookée en papy-boom. Une génération peu représentée sur Facebook. Du coup, je n’ai que trois cents amis quand les jeunes en ont entre cinq cents et mille alors qu’ils connaissent moins de monde que moi puisqu’ils se font des relations depuis moins longtemps.
Nette est la différence dans la façon dont les générations s’approprient cet outil.
La deuxième déception porte sur le contenu de ce que je trouve sur Facebook. Chacun donne de ses nouvelles, du type : « Soirée cool au concert de machintruc » ou « Claire aime les macarons ». À ces sommets métaphysiques succède souvent du totalement stupide, du brut de décoffrage qui laisse songeur. Et l’on songe parfois que la surreprésentation des jeunes sur Facebook n’est pas pour remonter le niveau.
Ce n’est pas joli joli d’être songeur ou pensif comme ça.
Tant de tuyaux, si efficaces, si nouveaux, si performants pour dire seulement cela. Tant de liens pour si peu de contenu. Tant de mots pour ne rien dire. Tel est ce monde moderne : beaucoup de communication et peu de sens, plus de mousse que de savon. Mais la vie se tisse aussi de ces riens.
Bref, il est facile d’ironiser sur Facebook et sur ce monde de l’Internet qu’il représente. La posture ironique et critique est celle choisie majoritairement par les plus de quarante ans. Vous leur parlez de Facebook et, en général, ils réagissent sur le ton : « Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? » Une minorité – peut-être 20 % au moment où j’écris (en 2013) – s’approprie l’outil, mais le discours majoritaire est bien celui d’une critique qui surprend parfois par sa virulence.
Prenez trois ou quatre quadragénaires, entrelardez d’un ou deux quinquagénaires, arrosez la conversation avec un peu de sauce Facebook et vous obtenez une réticence gênée ou une critique à l’arme lourde. Réticence et critique qui éveillent la suspicion quand on connaît Facebook de l’intérieur : il ne nous semble mériter ni excès d’honneur ni indignité. Pourquoi tant de haine ? Porque tanto odio ?
Pourquoi, sur un sujet tout de même plus factuel qu’idéologique, le personnage qui fait contrepoint avec l’émerveillé doit-il être le résistant ?

Le banlieusard du monde

C’est que le micro-ordinateur et Internet font du quadragénaire un banlieusard du monde, ils le rejettent au-delà du périphérique de la réalité. « Ça ne se passe plus là où vous êtes, les petits comiques », tel est le message subliminal véhiculé. Et Facebook explicite ce message, il l’extrait du subliminal et, ce faisant, il oblige à l’entendre en se présentant comme un des espaces où ça se passe, où ça pourrait se passer tout au moins.
Le sort du subliminal me sort du subliminal.
À ce sujet, on parle des natifs du numérique et des émigré de l’analogique. Évidemment, ça fait un drôle d’effet de se retrouver émigré sans avoir bougé.
Et il est tout de même un peu désagréable de constater que, là où ça se passe, justement, les jeunes ont leur rond de serviette de façon immédiate, qu’ils sont accueillis à écrans ouverts par la technologie alors que les anciens galèrent en bout de table. Il y a là un renversement de l’ordre des préséances qui est franchement malvenu et fait très mal élevé.
Mais ce sentiment désagréable d’être rejeté dans la banlieue par ceux qui ne devraient même pas être dans le monde est inavouable, puisqu’il porte le tampon d’une incompétence et la signature d’une difficulté d’apprendre. Sentiment inavouable détourné en déni : il vaut mieux récuser la règle du jeu plutôt que d’avouer sa faiblesse au jeu. « Mieux vaut se taire et passer pour un con que de l’ouvrir et ne laisser aucun doute sur le sujet », disait Coluche.
D’où une résistance sourde, une critique souvent unilatérale de Facebook et autres Twitter. Si une émission radio parle de Facebook, c’est pour nous alerter sur les dangers de laisser traîner des informations sur le Web, sur les malveillances anonymes dont nous menacent ceux qui les récupéreront. Ces dangers sont bien réels, naturellement, mais évoquer Facebook sur ce seul sujet a autant de sens que si l’on traitait de l’automobile en ne signalant que les accidents et en oubliant de préciser que les voitures servent aussi à se déplacer, pas seulement à se percuter les unes les autres et à écraser les enfants. Et que, finalement, si les accidents se produisent en effet de temps à autres, ils sont tout de même beaucoup moins fréquents que les déplacements, ce qui justifie l’usage de  ce moyen de transport.
Mais non, cette idée d’utilité est elle-même déniée. Facebook, Twitter, ça ne sert à rien. Dès lors, pourquoi supporter quelques inconvénients s’il n’y a pas d’avantages visibles ? Le résistant se sent ainsi légitimé.
Le fin mot de l’affaire, c’est que le progrès de la technique est devenu plus rapide que le progrès de l’usager dans son utilisation de la technique. Du coup, l’usager peut se sentir constamment dépassé. Aussitôt qu’il a appris à se servir d’un logiciel, l’ergonomie a changé.
L’usage de l’informatique incorpore beaucoup de savoir implicite, ce qui demande un effort d’acquisition, de la patience, de l’énervement, de l’astuce parfois. On ne s’en sort pas toujours, et cela donne un sentiment d’échec pénible – pourquoi je n’y arrive pas alors que les autres s’en sortent ? Et quand enfin je maîtrise l’outil, il change ; rien n’est stable, il faut toujours recommencer.
Sentiment irritant qu’exacerbe l’aisance des geeks, ces espèces d’humanoïdes qui semblent arrivés d’une planète lointaine, parlent un langage obscur ponctué de mots inconnus, manipulent les ordinateurs avec une aisance déconcertante, produisent des effets inimaginables. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Comment pensent-ils, s’ils pensent ?
Il y a de quoi résister.

Le désordre du temps

« Je reste confiant sur l’existence d’une vie après la mort tout en n’excluant pas que cela pourrait être pire. »
Alan Greenspan
Ces jeunes barbares qui vivent selon leur propre modèle et dans leur propre continent, au-delà de l’empire, sont des magiciens, c’est entendu. Ils ont rompu l’ordre des causalités pour vivre dans un monde de flux d’information où il s’agit seulement de recevoir, d’émettre, de réagir, d’essayer, de tester. De trouver un chemin parmi tous ces mystères que la technique dissipe sous nos pas.
Des mystères si désorganisés que l’on ne saurait feindre d’en être les organisateurs.
D’où la résistance de ceux qui ont été formés à l’idée qu’il convient d’organiser le monde plutôt que de le laisser foisonner. Internet, c’est l’anarchie que personne ne contrôle, où chacun peut dire, exposer n’importe quoi. « N’importe quoi » étant souvent le mot juste. Une anarchie que personne ne contrôle, mais que certains sont plus habiles que d’autres à manipuler. Les jeunes justement. Alors que, dans le monde organisé, c’est l’inverse, ce sont les vieux qui contrôlent les leviers de commande de l’organisation. Ils n’ont aucune raison d’apprécier que l’on dérobe le sol sous leurs pieds – c’est bien ce qu’ils doivent ressentir – et que l’on renverse comme sans s’en apercevoir des règles du jeu qui leur sont favorables.
Résistance encore.
Mais cela n’est rien, de plus grands bouleversements nous attendent.
Car rompre l’ordre des causalités, c’est rompre avec un certain ordre du temps. Les outils de communication donnent l’impression d’une certaine maîtrise du temps, puisqu’ils permettent d’être en lien depuis partout avec tout le monde et avec toute l’information du monde : contenu des livres et des films qui seront un jour disponibles sur Internet, encyclopédie, etc. Pas mal pour une petite Terre comme la nôtre et pour le plus faible des grands mammifères.
Le présent est devenu total en s’éclatant dans l’espace infini. Tous les espaces se rassemblent dans un présent unique. Un présent unique et forcément assez encombré.
Mais ce temps, ce présent encombré de toutes les informations du monde, multiples et fugitives, est aussi un temps sans extérieur. Le temps possède traditionnellement trois extérieurs, c’est-à-dire trois représentations que l’on relie au présent, au moins par la pensée, et qui lui donnent sens : l’éternité, le passé et l’avenir.
Le présent ne prend épaisseur et sens qu’à travers une au moins de ces trois représentations du temps. Préparant l’éternité, j’accomplis dans le présent un projet spirituel ; ancré dans le passé, je prolonge une tradition ; tendu vers l’avenir, je poursuis une ambition.
La causalité relie les quatre temps.
Quand je prépare l’avenir, c’est au nom d’un lien de causalité entre ce que je fais dans le présent et ce qui arrivera dans l’avenir. L’avenir devient l’objectif du présent et, de ce fait, lui donne sens.
Il en va de même dans la démarche spirituelle, qui introduit généralement un lien entre ce que je fais et ce qui pourrait se passer dans l’éternité. Même si l’on admet que ce pourrait être pire, comme on le fait dire à Alan Greenspan (la citation ci-dessus est apocryphe).
Si je consacre ma vie à prolonger une tradition, à accomplir un passé qui me semble donner sens au présent, c’est au nom d’un lien de causalité entre ce passé et ce que je suis. Quand, dans sa conférence intitulée  Qu’est-ce qu’une nation ?[2], Ernest Renan écrit que ladite nation est formée de « l’union invisible des vivants et des morts », il entend bien que cette union, pour invisible qu’elle soit, passe par un lien causal. Je ne verrai jamais ces hommes du passé qui ont fait la nation, mais je suis bien lié à eux puisqu’ils sont cause de ce qu’il y a de français en moi et que je ne saurais nier. Je suis Français donc par un lien avec des morts. J’hérite à la fois, dans un même lot, de Vichy et de l’appel du 18 juin, de la rafle du Vel’ d’hiv et de la Résistance. C’est en ce sens qu’il faut entendre la phrase de Georges Clemenceau (contemporain de Renan) : « La Révolution est un bloc. »
Un bloc dont nous ne pouvons aimer tous les épisodes, dont nous ne saurions apprécier les stupides cruautés, mais un bloc dans lequel nous ne choisissons pas. Un bloc qui projette une causalité parfaite sur le présent.
Le jeu du sens entre les quatre temps est d’une infinie richesse, il colore et enrichit le présent, lui donnant enfin de l’épaisseur.
Le présent est le basculement de l’avenir, qui n’est rien, dans le passé, qui n’est rien non plus ; c’est le basculement infiniment mince de rien dans rien. Et nous ne vivons que dans ce présent, une lichette extrêmement étroite de pas grand-chose balancée entre deux néants. Pas de quoi se vanter.
Jusqu’à ce que, avec la force du lien causal et la puissance de notre imaginaire, nous tirions de ces néants de quoi donner de l’épaisseur à ce qui n’en a pas.
Telle nous semblait être la règle de la vie bonne.
Mais dans le monde magique des magiciens, le jeu des quatre temps est simplement inimaginable.
Le magicien ne vient de nulle part, il est en rupture avec le passé. Il ne va vers nulle part, il n’est pas relié à un avenir particulier, un but spécifique. Quant à un lien spirituel avec une conception de l’éternité, il y a longtemps qu’on n’en a plus observé de traces. Le magicien est dans un présent suspendu, flottant, délié des attaches traditionnelles du temps.
De ce point de vue, on peut voir chez lui le sage suprême du temps. Rappelons la phrase de Sénèque dans ses Lettres à Lucillius : « Seul le temps est à nous. » Et comme le seul temps existant est le présent, s’en tenir au temps présent, c’est recevoir le présent du temps. C’est caler sa conception du temps sur la réalité du temps. Leçon de réalisme, donc.
Le magicien est un bon usufruitier du temps.
Mais en est-il le propriétaire ? Qu’est devenu le temps dans cette affaire ?
Le temps n’est plus qu’un support, un simple substrat. La vie du magicien prend sens dans la communication par les outils de la technique. Ce sont eux et cette musique d’informations toujours disponibles qui scandent la vie. Le temps présent n’est que le support des jeux vidéos, d’Internet, de YouTube, de Dailymotion, de Skype, etc., qui saturent le présent sans faiblir.
L’information était l’agrément du temps, ce qui lui ajoutait une saveur particulière, un goût agréable. L’information enjolivait le temps, qui restait toujours complexe, porteur d’interrogations sur le sens, permanente recherche pour se désengluer de l’absurdité de notre condition de mortel. Bref, l’information aidait à ne pas trop penser à la mort, à n’y pas penser tout le temps.
Mais l’information est devenue la trame de la vie que le temps présent doit porter.
Avec cette apparente sagesse du temps, celle qui replie les pieds du passé, de l’avenir et de l’éternité pour les ranger dans le placard du présent, c’est bel et bien le temps complexe, le temps multiforme, le temps porteur de sens qui a été perdu en chemin.
C’est en trouvant un temps simple, lisse, réduit au présent, de la finesse d’une feuille de papier à cigarette, que l’on égare le temps de la vie, le temps profond qui étaie des sentiments subtils et durables.
Le réalisme du temps, comme tout réalisme, se noie dans la platitude quand il oublie l’imaginaire.

The Most Incredible Surf Video Yet

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This Video Shot With A Drone And A GoPro May Be The Most Incredible Surf Video Yet

The “Pipeline” on Hawaii’s North Shore is world renowned for its incredibly large and often dangerous waves, and a new video from aerial photographer Eric Sterman shows the area in all its glory.
Sterman attached a GoPro camera to a DJI quadcopter to capture this awesome footage of surfers on the pipe, according to The Next Web.
From The Next Web:
The result is a truly breathtaking video from a perspective which used to be impossible for filmmakers to achieve without hiring a helicopter. I’ve watched a few surfing films before (Billabong Odyssey and The Endless Summer are my personal favourites) but this is by far the best footage I’ve ever seen from Pipeline.

Oymyakon, A Village where People Live at -51 Celsius

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This little town, named Oymyakon, is located in northern Siberia and holds the record for the coldest town on earth with temperature as low as -71.2 Celsius. It takes about 3 hour drive on frozen and deserted roads to reach this village from the nearest city of Yakutsk. It’s famous about Oymyakon that birds freeze to death in mid flight very often, yet people manage to survive and live a life here. If the temperature is above 50 Celsius, it’s considered as normal and if it goes below that; they call it winter and close the schools. Let’s take a look at the life at Oymyakon:

Image Source: WideView

L'opium du peuple

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Des polémistes à la plume assassine s’attaquent sans scrupule au « dogme du travail ». Pourquoi le dur labeur est-il autant valorisé, pourquoi la paresse et l’oisiveté sont-elles si décriées ? Nous suggérons ici la lecture de deux textes hautement subversifs appelant à la réduction du nombre d’heures travaillées. Quelles illusions dénoncent-ils, quelles croyances remettent-ils en cause ?

M'enfin, c'est aux machines de travailler pour nous
Il y a un mois, le président de la « valeur travail » perdait l’élection qui aurait pu lui offrir un second mandat à la tête de la République française. Ressourcé après des vacances plus ou moins méritées au Maroc (« Marrakech qu’il a fait là-bas ? », dirait l’autre), notre Petit père du peuple vient de rentrer à Paris pour prendre possession de ses nouveaux bureaux. Tout le monde, ou du moins tous les journalistes de la place, se posent désormais la question : mais comment va-t-il occuper son temps ?
Au lieu de nous perdre en conjectures et d’ajouter au déferlement insensé d’élucubrations futiles, nous souhaitons nous montrer plus constructifs : nous allons nous-mêmes proposer au déjà retraité ce qu’il pourrait faire dans les années qui viennent. Et ce qu’il devrait encourager ses concitoyens à faire à sa suite.
C’est bien simple : puisqu’il n’a plus à mettre toute son énergie à manigancer et jouer des coudes afin de se maintenir au sommet, puisqu’il n’est plus d’enjeu politique qui puisse encore obscurcir ses facultés de jugement, il lui est enfin possible de réfléchir sereinement aux idées qu’il a défendues aveuglément pendant si longtemps. Il ne lui est plus besoin de choisir ses opinions en fonction des ses objectifs stratégiques : il peut enfin exercer ses facultés de raisonnement pour se forger un avis personnel sur quelques questions importantes.
Or le premier sujet d’étude que nous recommandons à notre philosophe en herbe est bien celui qui l’a obsédé pendant toutes ces années : le travail. Le dogme du travail, devrions-nous dire. Et pour aider notre ex-hyperactif dans ses pondérations, nous soumettrons à sa raison éclairée deux textes courts et percutants, délicieusement anticonformistes :
L’un nous invite à pratiquer les vertus de la paresse, quand l’autre promeut l’oisiveté ; chacun prône la réduction du temps de travail – bien avant la réforme des 35h !
[Note au lecteur : tout ce qui suit peut être lu intégralement, en prenant le temps de considérer les extraits cités, ou bien, pour les plus paresseux d'entre vous, beaucoup plus vite, en sautant les citations - si elles n’apportent pas d’idées supplémentaires, elles illustrent néanmoins avec plus de précision les pensées de chaque auteur]

1. Les auteurs et leur pamphlet

Paul Lafargue est un socialiste français du 19e siècle, mais entendons-nous bien : par « socialiste », il faut entendre, dans notre langue moderne, qu’il était communiste. Les idées du talentueux polémiste empruntent en effet davantage à la pensée de Marx et Engels qu’aux éléments de langage de notre nouveau Président. Et pour cause : né en 1842 à Cuba (quel visionnaire, quelle avance sur ses camarades !), Lafargue rencontre les deux auteurs du Manifeste du parti communisteà Londres en 1865, et poussera la sympathie marxiste jusqu’à épouser Laura, la fille de Karl. S’en suivent des années de participation à la vie politique française, fidèle à cette couleur rouge qu’il rêvait de voir remplacer les drapeaux tricolores.
Paul Lafargue : des idées en béton
Rédigé en 1880 en réponse aux revendications du droit au travail,Le Droit à la paresse est son pamphlet le plus connu, critique au vitriol de la « folie furibonde du travail » dont témoignent à ses yeux les prolétaires, abrutis par le système capitaliste, et pervertis par l’ignoble morale qu’il insuffle :
« Et cependant, le prolétariat, la grande classe qui embrasse tous les producteurs des nations civilisées, la classe qui, en s’émancipant, émancipera l’humanité du travail servile et fera de l’animal humain un être libre ; le prolétariat, trahissant ses instincts, méconnaissant sa mission historique, s’est laissé pervertir par le dogme du travail. »
Direct et véhément, le texte est d’une étonnante modernité ; il y a quelque chose d’effrayant à voir certaines de ses analyses décrire si exactement la réalité que nous connaissons encore aujourd’hui (obsolescence programmée, cyclicité des crises de surproduction, utilité des guerres pour l’obtention de débouchés économiques…).
Surtout, comme nous allons le voir, Lafargue présente un projet de société communiste très éloigné de l’idéologie martelée (et faucillée) par les dirigeants de l’URSS ou de l’actuelle Chine : sa société idéale ne tire pas sa force d’un productivisme industriel forcené, d’un viol continuel et répété d’une Mère nature offrant gratuitement ses ressources, mais d’un rationnement raisonnable du travail, afin que chacun connaisse la jouissance et profite gaillardement des fruits de sa besogne.
Pourtant, il n’aura pas échappé à Bertrand Russell que, de l’autre côté du Rideau de fer, la doctrine du Parti n’aura jamais renoncé au culte du travail. Ainsi renvoie-t-il dos à dos soviétiques et capitalistes :
« Industry, sobriety, willingness to work long hours for distant advantages, even submissiveness to authority, all these reappear; moreover authority still represents the will of the Ruler of the Universe, Who, however, is now called by a new name, Dialectical Materialism. »
Bertrand Russell, dont vous pourrez vous amuser à compter les photos sans pipe à la bouche, est un homme comme on les aime sur ce blog (pour un peu, Lord Tesla a failli porter son nom !). Entre autres accomplissements majeurs :
  • Mathématicien, il apporte des développements majeurs aux théories de la logique
  • Promoteur du rationalisme, il s’avoue agnostique et défend le scepticisme
  • Moraliste engagé, il lance avec Jean-Paul Sartre le premier « tribunal d’opinion » pour « juger les crimes de guerre » des États-Unis au Vietnam
  • Philosophe et écrivain, il obtient un prix Nobel de littérature en 1950, en particulier pour sa défense d’un idéal humaniste et comme libre penseur
Bertrand Russell : ceci n'est pas du pipeau
Homme complet, il est l’auteur de quelques formules définitives, dont celle-ci, qui inspira les inventeurs de l’effet Dunning-Kruger :
« One of the painful things about our time is that those who feel certainty are stupid, and those with any imagination and understanding are filled with doubt and indecision »
Dans son Éloge de l’oisiveté, c’est au nom du progrès et de la justice sociale qu’il dénonce l’acharnement au travail : non seulement les améliorations techniques permettent de diminuer les besoins en capital humain à niveau de production constant, mais une répartition du travail et des loisirs plus équitable est possible.
« I want to say, in all seriousness, that a great deal of harm is being done in the modern world by belief in the virtuousness of work, and that the road to happiness and prosperity lies in an organized diminution of work. »
Comme tout humaniste qui se respecte, Russell songe aux générations futures, et son discours cible donc les jeunes :
« I hope that, after reading the following pages, the leaders of the YMCA [auberges de jeunesse internationales] will start a campaign to induce good young men to do nothing. If so, I shall not have lived in vain. »
[Note : nous pouvons le rassurer sur ce point ; une cinquantaine d’années après la publication de son texte, des "Gens du Village" douteusement revêtus de l’uniforme-type associé à divers corps de métier – même celui de cow-boy ou d’Indien – se feraient une joie d’exhorter les jeunes hommes du monde entier à passer du bon temps dans un YMCA ;) !]
Que dire de plus pour vous inciter à parcourir ces deux textes ? Que les deux polémistes étaient plutôt « du bon côté de la barrière », pour ainsi dire ; étant donné leurs conditions de vie, pour eux, encourager les classes laborieuses à se détourner du travail, c’est presque mordre la main qui les nourrit ! S’ils n’ont rien à y gagner, voire plus à y perdre, leur parole mérite d’être entendue, puisqu’elle a donc plus de chances d’émaner d’une réflexion personnelle et désintéressée.
Enfin, Lafargue et Russell ont tous les deux un style décapant, témoignant d’un art consommé de l’ironie !
« Par contre, quelles sont les races pour qui le travail est une nécessité organique ? Les Auvergnats ; les Écossais, ces Auvergnats des îles Britanniques ; les Gallegos, ces Auvergnats de l’Espagne ; les Poméraniens, ces Auvergnats de l’Allemagne ; les Chinois, ces Auvergnats de l’Asie. »
  • L’autre redéfinit justement les notions de travail, de politique et de publicité :
« First of all: what is work? Work is of two kinds: first, altering the position of matter at or near the earth’s surface relatively to other such matter; second, telling other people to do so. The first kind is unpleasant and ill paid; the second is pleasant and highly paid. The second kind is capable of indefinite extension: there are not only those who give orders, but those who give advice as to what orders should be given. Usually two opposite kinds of advice are given simultaneously by two organized bodies of men; this is called politics. The skill required for this kind of work is not knowledge of the subjects as to which advice is given, but knowledge of the art of persuasive speaking and writing, i.e. of advertising. »

Eloge de l’oisiveté : tout un spectacle

2. Etude de texte

1) Le problème : l’acharnement au travail est la cause d’innombrables misères sociales et individuelles

Lafargue décrit ainsi la façon dont le travail abîme l’âme et le corps :
« Dans la société capitaliste, le travail est la cause de toute dégénérescence intellectuelle, de toute déformation organique. Comparez le pur-sang des écuries de Rothschild, servi par une valetaille de bimanes, à la lourde brute des fermes normandes, qui laboure la terre, chariote le fumier, engrange la moisson. Regardez le noble sauvage que les missionnaires du commerce et les commerçants de la religion n’ont pas encore corrompu avec le christianisme, la syphilis et le dogme du travail, et regardez ensuite nos misérables servants de machines. »
En bon marxiste, il analyse la façon dont la gestion économique du travail génère de fréquentes crises de surproduction. Pour un peu, on se demanderait si ces crises ne sont pas causées intentionnellement par les détenteurs des moyens de production :
« Au lieu de profiter des moments de crise pour une distribution générale des produits et un gaudissement universel, les ouvriers, crevant de faim, s’en vont battre de leur tête les portes de l’atelier. [...] Et ces misérables, qui ont à peine la force de se tenir debout, vendent douze et quatorze heures de travail deux fois moins cher que lorsqu’ils avaient du pain sur la planche. Et les philanthropes de l’industrie de profiter des chômages pour fabriquer à meilleur marché. »
[Note : aujourd'hui, la métonymie sonnera forcément antisémite (ce qui ne signifie pas que c'était le cas à l'époque), mais notons que Lafargue emploie le terme "le juif" pour désigner l'image d'un banquier lambda !]
Parce qu’en brandissant la menace du chômage d’une main, tout en proposant une logique du « c’est mieux que rien » de l’autre, les producteurs ont toute latitude pour faire pression sur les salaires :
« Les philanthropes acclament bienfaiteurs de l’humanité ceux qui, pour s’enrichir en fainéantant, donnent du travail aux pauvres. »

Hé ho, non, il n’y a rien de Joyeux dans le travail : c’est de l’exploitation de mineurs !
Pour que le système se perpétue, encore faut-il que les productions excessives trouvent des débouchés. Tous les moyens sont bons pour écouler les marchandises :
  • Générer des envies artificielles
« [...] le grand problème de la production capitaliste n’est plus de trouver des producteurs et de décupler leurs forces, mais de découvrir des consommateurs, d’exciter leurs appétits et de leur créer des besoins factices. »
  • Programmer l’obsolescence (tout bien s’use, vieillit ou se démode en peu de temps)
« Tous nos produits sont adultérés pour en faciliter l’écoulement et en abréger l’existence. Notre époque sera appelée l’ « âge de la falsification », comme les premières époques de l’humanité ont reçu les noms d’ « âge de pierre », d’ « âge de bronze », du caractère de leur production. Des ignorants accusent de fraude nos pieux industriels, tandis qu’en réalité la pensée qui les anime est de fournir du travail aux ouvriers, qui ne peuvent se résigner à vivre les bras croisés. »
  • Envahir de nouveaux marchés…
« Puisque les ouvriers européens, grelottant de froid et de faim, refusent de porter les étoffes qu’ils tissent, de boire les vins qu’ils récoltent, les pauvres fabricants, ainsi que des dératés, doivent courir aux antipodes chercher qui les portera et qui les boira : ce sont des centaines de millions et de milliards que l’Europe exporte tous les ans, aux quatre coins du monde, à des peuplades qui n’en ont que faire. »
  • … quitte à mener des guerres de conquête
« [...] les fabricants parcourent le monde en quête de débouchés pour les marchandises qui s’entassent ; ils forcent leur gouvernement à s’annexer des Congo, à s’emparer des Tonkin, à démolir à coups de canon les murailles de la Chine, pour y écouler leurs cotonnades. Aux siècles derniers, c’était un duel à mort entre la France et l’Angleterre, à qui aurait le privilège exclusif de vendre en Amérique et aux Indes. »
Russell aboutit à des conclusions similaires, quoique de manière plus expéditive :
« But what will happen when the point has been reached where everybody could be comfortable without working long hours?
In the West, we have various ways of dealing with this problem. We have no attempt at economic justice, so that a large proportion of the total produce goes to a small minority of the population, many of whom do no work at all. Owing to the absence of any central control over production, we produce hosts of things that are not wanted. We keep a large percentage of the working population idle, because we can dispense with their labor by making the others overwork. When all these methods prove inadequate, we have a war: we cause a number of people to manufacture high explosives, and a number of others to explode them, as if we were children who had just discovered fireworks. By a combination of all these devices we manage, though with difficulty, to keep alive the notion that a great deal of severe manual work must be the lot of the average man. »
A qui profite le crime ? Qui a le plus à gagner du travail des masses laborieuses ?
A l'ombre des unaus (ces paresseux de cruciverbistes comprendront !)

2) La cause : la valorisation du travail est un dogme absurde historiquement imposé par les puissants

Le travail n’a pas toujours bénéficié d’une image aussi positive.
« Les Grecs de la grande époque n’avaient, eux aussi, que du mépris pour le travail ; aux esclaves seuls il était permis de travailler : l’homme libre ne connaissait que les exercices corporels et les jeux de l’intelligence. […] Les philosophes de l’Antiquité enseignaient le mépris du travail, cette dégradation de l’homme libre ; les poètes chantaient la paresse, ce présent des Dieux. »
D’ailleurs, une certaine forme d’oisiveté et d’insouciance économique (chose certes plus aisée lorsqu’on n’a pas à s’inquiéter du niveau de son patrimoine) est à l’origine des grandes avancées de l’histoire humaine :
« The leisure class […] contributed nearly the whole of what we call civilization. It cultivated the arts and discovered the sciences; it wrote the books, invented the philosophies, and refined social relations. Even the liberation of the oppressed has usually been inaugurated from above. Without the leisure class, mankind would never have emerged from barbarism. »
Jésus-Christ lui-même aurait enjoint ses disciples à la nonchalance, guidé en cela par l’exemple ultime que nous donna son Père :
« [...] après six jours de travail, il se repose pour l’éternité. »
Pourtant, le message du Fils de Dieu aurait été dénaturé par l’Eglise dans le but de contraindre les hommes à travailler la terre au profit des puissants. Or, bien des siècles plus tard, lorsque la bourgeoisie récupère le pouvoir de la noblesse, elle se garde bien de remettre en cause le dogme du travail.
Ainsi Lafargue établit-il un parallèle entre la morale chrétienne et la morale capitaliste. Leurs représentants ont eu la même tendance à dénier aux travailleurs le droit à la jouissance et aux plaisirs, tout en prêchant que le salut dépendrait de l’ardeur au travail. Une élite a remplacé l’autre, une nouvelle religion s’est substituée à l’ancienne, mais le culte du labeur continue d’être instrumentalisé par la classe au pouvoir pour imposer l’ « abstinence » et contraindre les pauvres à trimer pour elle.
« La morale capitaliste, piteuse parodie de la morale chrétienne, frappe d’anathème la chair du travailleur ; elle prend pour idéal de réduire le producteur au plus petit minimum de besoins, de supprimer ses joies et ses passions, de le condamner au rôle de machine délivrant du travail sans trêve, ni merci. »
Au lieu d’employer la force, les classes dirigeantes convertissent les masses au dogme du travail ; la diffusion de l’idéologie écarte la nécessité de recourir à la coercition.
« Travaillez, travaillez nuit et jour ; en travaillant, vous faites croître votre misère, et votre misère nous dispense de vous imposer le travail par la force de la loi. L’imposition légale du travail « donne trop de peine, exige trop de violence et fait trop de bruit ; la faim, au contraire, est non seulement une pression paisible, silencieuse, incessante, mais comme le mobile le plus naturel du travail et de l’industrie, elle provoque aussi les efforts les plus puissants ». »
Russell souligne également qu’avec le développement d’une « éthique du travail », le choix des travailleurs devient volontaire au lieu d’être contraint. Pourtant, en faisant ce choix, les travailleurs jouent contre leur propre intérêt :
« The conception of duty, speaking historically, has been a means used by the holders of power to induce others to live for the interests of their masters rather than for their own. »

Le syndrome de Stockholm du larbin
Si les riches sont parvenus à user de la force de travail des pauvres à leur profit, c’est peut-être par égoïsme, mais aussi parce qu’ils voient d’un œil soupçonneux l’oisiveté des masses laborieuses :
« The idea that the poor should have leisure has always been shocking to the rich. In England, in the early nineteenth century, fifteen hours was the ordinary day’s work for a man; children sometimes did as much, and very commonly did twelve hours a day. When meddlesome busybodies suggested that perhaps these hours were rather long, they were told that work kept adults from drink and children from mischief. »
Le riche se méfie des libertés accordées au pauvre, et se protège en diffusant une morale compatible avec ses intérêts. Mais Russell trouve illogique de dénigrer la consommation :
« The man who invests his savings in a concern that goes bankrupt […] will be regarded as a victim of undeserved misfortune, whereas the gay spendthrift, who has spent his money philanthropically, will be despised as a fool and a frivolous person. »
Car si l’acte de production est valorisé, comme peut-on décemment critiquer l’acte de consommation, qui en est la condition nécessaire ?
« Broadly speaking, it is held that getting money is good and spending money is bad. Seeing that they are two sides of one transaction, this is absurd; one might as well maintain that keys are good, but keyholes are bad. »
L'absurdité du travail : il faut pomper plus, pour... euh... pomper plus
Le travail n’est pas une fin en soi ; il n’est qu’un moyen de prétendre au bonheur :
« [...] without a considerable amount of leisure a man is cut off from many of the best things. There is no longer any reason why the bulk of the population should suffer this deprivation. »
Ce que revendique Russell, c’est un droit égal des pauvres à s’adonner aux loisirs. Car les grands gagnants de la division sociale du travail sont donc les puissants, riches oisifs exploitant une main-d’œuvre paupérisée :
« [...] la classe capitaliste s’est trouvée condamnée à la paresse et à la jouissance forcée, à l’improductivité et à la surconsommation. »
Mais sont-ils eux-mêmes épanouis et heureux ? Lafargue en doute :
« Pour remplir sa double fonction sociale de nonproducteur et de surconsommateur, le bourgeois dut non seulement violenter ses goûts modestes, perdre ses habitudes laborieuses d’il y a deux siècles et se livrer au luxe effréné, aux indigestions truffées et aux débauches syphilitiques, mais encore soustraire au travail productif une masse énorme d’hommes afin de se procurer des aides. »
[Note : le polémiste français produit en effet des chiffres étonnants montrant que, d’après le recensement effectué en 1861 en Angleterre et au Pays de Galles, le nombre d’employés de la classe domestique était légèrement supérieur à celui des travailleurs agricoles, et similaire au nombre total de travailleurs des fabriques textiles et des mines de charbon et de métal. Bon, vous avez le droit de douter de la fiabilité des méthodes de calcul de l’époque, ceci dit.]
Finalement, le problème ne tient pas tant à la nature du travail, ou au fait de travailler, qu’à son inégale répartition entre riches et pauvres. Contraints au labeur face à des puissants qui ont les moyens et le loisir de ne pas se tuer à la tâche, eux, les pauvres ne font très concrètement qu’assister les riches dans leur oisiveté. Il est donc tout à fait stupide de leur part de réclamer un droit au travail. Ils commettent une erreur aberrante, en succombant ainsi à une illusion savamment entretenue.
Et le gendre de Karl Marx n’hésite pas à les tancer vertement ! Il faut dire que son goût pour les plaisirs et la jouissance semble très développé. Songez donc : il admire les peuples capables de sacrifier ceux de leurs membres qui ne profitent plus de la vie.
« Les Indiens des tribus belliqueuses du Brésil tuent leurs infirmes et leurs vieillards ; ils témoignent leur amitié en mettant fin à une vie qui n’est plus réjouie par des combats, des fêtes et des danses. Tous les peuples primitifs ont donné aux leurs ces preuves d’affection […]. Combien dégénérés sont les prolétaires modernes pour accepter en patience les épouvantables misères du travail de fabrique ! »
Si cette conception peut vous paraître cynique, sachez que Lafargue ne se contente pas de mots. A l’évidence, le socialiste « dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit » ; se suicidant à 69 ans avec sa femme, il justifiera son geste dans une courte lettre :
« Sain de corps et d’esprit, je me tue avant que l’impitoyable vieillesse qui m’enlève un à un les plaisirs et les joies de l’existence et qui me dépouille de mes forces physiques et intellectuelles ne paralyse mon énergie, ne brise ma volonté et ne fasse de moi une charge à moi et aux autres. »
On aimerait voir autant de sollicitude de la part des retraités représentant un fardeau extraordinaire pour leur famille, leurs finances et celles de l’État. Ah, bien sûr, ça aide de ne pas être encombré d’une morale religieuse sacralisant absolument la vie, à tout prix, même sous une forme totalement dégénérée…

3) Solution : réduire radicalement le temps de travail, et le partager

Aucun des deux auteurs ne condamne complètement le travail : utile, il peut même se révéler épanouissant et libérateur, si tant est qu’il soit appréhendé comme un moyen plutôt qu’une fin. Cependant, Lafargue et Russell envisagent tous deux une diminution effective du nombre d’heures travaillées :
  • 3h par jour suffisent pour Lafargue
« […] le travail ne deviendra un condiment de plaisir de la paresse, un exercice bienfaisant à l’organisme humain, une passion utile à l’organisme social que lorsqu’il sera sagement réglementé et limité à un maximum de trois heures par jour. »
  • 4h par jour pour Russell
« If the ordinary wage-earner worked four hours a day, there would be enough for everybody and no unemployment — assuming a certain very moderate amount of sensible organization. »
Yaka dansé
Pourquoi se ménager ? Hé bien je vais vous le dire, Madame Chazal : il faut travailler moins pour vivre plus. Un tel système est-il viable ? Oui, bien sûr.
D’abord, nous n’avons pas tous besoin de travailler pour assurer la satisfaction des besoins de l’ensemble de la population. La Seconde guerre mondiale l’a démontré :
« The war showed conclusively that, by the scientific organization of production, it is possible to keep modern populations in fair comfort on a small part of the working capacity of the modern world. If, at the end of the war, the scientific organization, which had been created in order to liberate men for fighting and munition work, had been preserved, and the hours of the week had been cut down to four, all would have been well. Instead of that the old chaos was restored, those whose work was demanded were made to work long hours, and the rest were left to starve as unemployed. Why? Because work is a duty, and a man should not receive wages in proportion to what he has produced, but in proportion to his virtue as exemplified by his industry. »
Ensuite, plus généralement, l’amélioration des techniques permet de consacrer de moins en moins de ressources à la production d’un même nombre de biens ou services :
« À mesure que la machine se perfectionne et abat le travail de l’homme avec une rapidité et une précision sans cesse croissantes, l’Ouvrier, au lieu de prolonger son repos d’autant, redouble d’ardeur, comme s’il voulait rivaliser avec la machine. Ô concurrence absurde et meurtrière !
[...] la passion aveugle, perverse et homicide du travail transforme la machine libératrice en instrument d’asservissement des hommes libres : sa productivité les appauvrit. »
Ce que proposent nos deux compères, c’est tout simplement de toucher les dividendes du progrès. Si le développement des machines permet de réduire les besoins en capital humain à niveau de production constant, il faut redonner aux travailleurs le temps ainsi économisé, au lieu de l’affecter à un surcroît de production. L’introduction de robots sur les chaînes de montage est problématique si l’on considère que les ouvriers remplacés doivent trouver du travail ailleurs, mais pas si le bénéfice de cette évolution leur est accordé sous forme de temps libre (à salaire égal, ou faiblement amputé).
Bon, faudra juste faire attention à ce que les machines ne prennent pas trop le pouvoir
Enfin, la bonne attitude vis-à-vis du travail est aussi affaire de partage : les tâches que les hommes doivent continuer d’accomplir sont à répartir entre tous ceux qui ont besoin de toucher un salaire. Ne vous dépêchez pas : le travail, il faut qu’il y en ait pour tout le monde !
« Abêtis par leur vice, les ouvriers n’ont pu s’élever à l’intelligence de ce fait que, pour avoir du travail pour tous, il fallait le rationner comme l’eau sur un navire en détresse. »
De fait, une telle (ré)organisation permet également de partager l’aptitude au loisir :
« Modern technique has made it possible for leisure, within limits, to be not the prerogative of small privileged classes, but a right evenly distributed throughout the community. The morality of work is the morality of slaves, and the modern world has no need of slavery. »
Sous réserve de suivre leurs prescriptions, les deux auteurs nous promettent une société idéale. Au niveau individuel, l’accroissement du bonheur et le sentiment de justice sociale se traduiront par un regain de vigueur et de bienveillance, gage de bien-être collectif. Les hommes se détourneront alors des guerres…
« Ordinary men and women, having the opportunity of a happy life, will become more kindly and less persecuting and less inclined to view others with suspicion. The taste for war will die out, partly for this reason, and partly because it will involve long and severe work for all. »
… et, d’une manière générale, la tendance à la conflictualité s’émoussera :
« La bourgeoisie, déchargée alors de sa tâche de consommateur universel, s’empressera de licencier la cohue de soldats, de magistrats, de figaristes, de proxénètes, etc., qu’elle a retirée du travail utile pour l’aider à consommer et à gaspiller. [...] Les rentiers, les capitalistes, tout les premiers, se rallieront au parti populaire, une fois convaincus que, loin de leur vouloir du mal, on veut au contraire les débarrasser du travail de surconsommation et de gaspillage dont ils ont été accablés dès leur naissance. »
Dans le monde utopique décrit par Lafargue et Russel, il y aura plein de choses à faire pour s’occuper. Par exemple :
« En régime de paresse, pour tuer le temps qui nous tue seconde par seconde, il y aura des spectacles et des représentations théâtrales toujours et toujours ; c’est de l’ouvrage tout trouvé pour nos bourgeois législateurs. On les organisera par bandes courant les foires et les villages, donnant des représentations législatives. »
Plus sérieux, l’humaniste anglais explique que le temps retrouvé doit permettre à chacun de s’adonner aux activités personnelles qui lui sembleront conformes à ses attentes et ses talents. Ce qui nécessite évidemment une certaine éducation, ne serait-ce que pour apprendre à se détourner des plaisirs les plus passifs, et à user de son industrie au profit d’activités plus engageantes :
« The wise use of leisure, it must be conceded, is a product of civilization and education. A man who has worked long hours all his life will become bored if he becomes suddenly idle. […] It is an essential part of any such social system that education should be carried further than it usually is at present, and should aim, in part, at providing tastes which would enable a man to use leisure intelligently. I am not thinking mainly of the sort of things that would be considered ‘highbrow’. […] The pleasures of urban populations have become mainly passive: seeing cinemas, watching football matches, listening to the radio, and so on. This results from the fact that their active energies are fully taken up with work; if they had more leisure, they would again enjoy pleasures in which they took an active part. »
Par exemple, le temps libre peut fournir l’occasion de mener de longues recherches sur les sujets qui nous passionnent – et de bloguer comme pas permis :) !
« In a world where no one is compelled to work more than four hours a day, every person possessed of scientific curiosity will be able to indulge it, and every painter will be able to paint without starving, however excellent his pictures may be. »
"Enfin libres ! A nous la métropole et ses jobs d'éboueur, de vigile ou d'aide-soignant !"

Conclusion : des chômeurs, quand y en a un, ça va…

C’est quand y en a beaucoup qu’il faut se demander s’il n’y pas un problème ;) !
[Note : ô surprise ! Ayant retrouvé la vidéo de la fameuse vanne de notre ancien ministre de l'Intérieur, nous avons bien écouté la bande-son, et tenons à souligner que la retranscription la plus communément admise a toujours été fautive : la phrase ne débute pas par "quand y en a un", mais "dès qu'y en a un" ! Bon, évidemment, ça ne change pas grand-chose au sens du jugement exprimé.]
Paul Lafargue et Bertrand Russell critiquent la prégnance d’une représentation du travail qui autorise une classe de riches oisifs à exploiter et asservir la masse des travailleurs. La conception de la vie et du plaisir des deux auteurs, ainsi que leur conscience égalitariste, les poussent à revendiquer à la fois une réduction du temps de travail et une meilleure répartition de ce travail entre tous les travailleurs, au nom de la justice sociale.

Sources et liens pour aller plus loin :
  • L’Art d’ignorer les pauvres, de John Kenneth Galbraith, qui dénonce d’autres mécanismes par lesquels nous nous épargnons toute mauvaise conscience quant à l’ordre économique établi
  • Un dossier du site d’Arrêt sur images a été consacré au travail ; un article analysait le Droit à la paresse juste avant la tenue d’un débat sur les retraites opposant le député Gérard Filoche, grand opposant à la réforme des retraites voulue par Nicolas Sarkozy, et Aurélie Filipetti, actuelle ministre de la Culture et de la Communication !
[Mise à jour le 12/06/2012 : la conclusion initiale de cet article a été réécrite, son contenu original étant utilisé pour alimenter l'article suivant, L'oisif fait son nid. D'autres modifications ont également été effectuées, pour plus de précision.]

Un Nobel d'économie flingue le virage «scandaleux» de Hollande

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Dans la foulée de la conférence de presse de François Hollande, le gouvernement a assuré le service après-vente du virage économique du chef de l'Etat.«La politique de l’offre n’est ni de droite ni de gauche, elle est aujourd’hui nécessaire», assure ainsi Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, dans Les Echos.«L'idée que la gauche c'est dépenser, est dépassée (...) Nous avons d’emblée mené une politique réformiste, il nous faut maintenant entrer dans une nouvelle étape», ajoute Pierre Moscovici, ministre de l’économie dans Le Monde. Une nouvelle étape qui s’annonce justement désastreuse, rétorque Paul Krugman, dans une tribune au vitriol publiée ce matin par le New York Times.
Le prix Nobel d'économie Paul Krugman plaidait pour sa part vendredi dans le New York Times pour des mesures de relance supplémentaires. Pour lui, la politique économique de M. Obama risque de connaître le même sort que les Alliés en Italie en 1943: l'enlisement, faute de renforts.Le Prix Nobel d'économie 2008 rappelle ainsi qu’il ne s’était pas attardé sur le cas français depuis qu’il était devenu clair que François Hollande «n’allait pas rompre avec l’orthodoxie des politiques d’austérité destructives à l’œuvre en Europe» qui conduisent pourtant «à des résultats désastreux» depuis quatre ans. Mais les derniers choix présidentiels représentent selon lui quelque chose de «scandaleux»: embrasser «des politiques économiques de droite pourtant discréditées». «Oui, des conservateurs sans coeur et butés ont mené la politique, mais ce sont des politiciens de la gauche modérée, mous et brouillons qui les ont encouragés et leur ont facilité la tâche», torpille Krugman. (Photo AFP)

«Effondrement intellectuel»

La conférence de presse de François Hollande le plonge dans un profond sentiment «de désespoir». Car, en reprenant littéralement à son compte l’erreur pourtant depuis longtemps démystifiée de Jean-Batiste Say selon laquelle «c’est l’offre qui crée la demande», le chef de l’Etat adopte, selon Krugman, une doctrine discréditée. Le signe, selon lui, de la faillite de la (centre) gauche européenne.
Krugman n’a jamais été un grand fan de François Hollande. Mais il a parfois pris la défense de l'Hexagone, comme après la décision «idéologique» de l’agence Standard & Poor’s de dégrader la note de la France une nouvelle fois, en novembre 2013. Il saluait alors le choix élyséen de «d’équilibrer son budget en relevant les impôts au lieu de sabrer dans la protection sociale». Et rappelait au passage que la France avait une meilleure performance de PIB par habitant que celle du Royaume-Uni, ainsi qu'une dette publique largement inférieure. 
C'est un Krugman désabusé qui rappelle désormais : «Quand Hollande est devenu le président de la seconde économie de la zone euro, certains d’entre nous espéraient» qu’il aurait pu prendre des positions non orthodoxes. Las«il est au contraire tombé dans la posture habituelle, une posture qui se transforme désormais en effondrement intellectuel. Et c’est ainsi que la seconde grande dépression de l’Europe va continuer».
Si Hollande perd, sinon un ami américain, du moins un intellectuel de gauche qui l'a (presque) soutenu, il se rapproche d'une figure mexicaine libérale - en l'occurrence Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE. L'organisation s'est fendue d’un communiqué pour saluer la mue du chef de l’Etat français, saluant des mesures «très encourageantes, tant par la détermination affichée que par le fond des mesures envisagées». L'OCDE appelle toutefois à «aller au-delà» de la baisse des charges pour «restaurer les marges», «financer l’investissement» et«redresser la compétitivité». La volonté de rationaliser l’organisation territoriale, elle, est perçue comme «un volet essentiel de l’assainissement budgétaire». Et l'institution n’hésite pas à préconiser «la réduction des dotations de l’État aux collectivités réfractaires aux fusions.» 
Christian LOSSON



I haven’t paid much attention to François Hollande, the president of France, since it became clear that he wasn’t going to break with Europe’s destructive, austerity-minded policy orthodoxy. But now he has done something truly scandalous.
I am not, of course, talking about his alleged affair with an actress, which, even if true, is neither surprising (hey, it’s France) nor disturbing. No, what’s shocking is his embrace of discredited right-wing economic doctrines. It’s a reminder that Europe’s ongoing economic woes can’t be attributed solely to the bad ideas of the right. Yes, callous, wrongheaded conservatives have been driving policy, but they have been abetted and enabled by spineless, muddleheaded politicians on the moderate left.
Right now, Europe seems to be emerging from its double-dip recession and growing a bit. But this slight uptick follows years of disastrous performance. How disastrous? Consider: By 1936, seven years into the Great Depression, much of Europe was growing rapidly, with real G.D.P. per capita steadily reaching new highs. By contrast, European real G.D.P. per capita today is still well below its 2007 peak — and rising slowly at best.
Doing worse than you did in the Great Depression is, one might say, a remarkable achievement. How did the Europeans pull it off? Well, in the 1930s most European countries eventually abandoned economic orthodoxy: They went off the gold standard; they stopped trying to balance their budgets; and some of them began large military buildups that had the side effect of providing economic stimulus. The result was a strong recovery from 1933 onward.
Modern Europe is a much better place, morally, politically, and in human terms. A shared commitment to democracy has brought durable peace; social safety nets have limited the suffering from high unemployment; coordinated action has contained the threat of financial collapse. Unfortunately, the Continent’s success in avoiding disaster has had the side effect of letting governments cling to orthodox policies. Nobody has left the euro, even though it’s a monetary straitjacket. With no need to boost military spending, nobody has broken with fiscal austerity. Everyone is doing the safe, supposedly responsible thing — and the slump persists.
In this depressed and depressing landscape, France isn’t an especially bad performer. Obviously it has lagged behind Germany, which has been buoyed by its formidable export sector. But French performance has been better than that of most other European nations. And I’m not just talking about the debt-crisis countries. French growth has outpaced that of such pillars of orthodoxy as Finland and the Netherlands.
It’s true that the latest data show France failing to share in Europe’s general uptick. Most observers, including the International Monetary Fund, attribute this recent weakness largely to austerity policies. But now Mr. Hollande has spoken up about his plans to change France’s course — and it’s hard not to feel a sense of despair.
For Mr. Hollande, in announcing his intention to reduce taxes on businesses while cutting (unspecified) spending to offset the cost, declared, “It is upon supply that we need to act,” and he further declared that “supply actually creates demand.”

Paul Krugman

Paul Krugman 
La chronique économique de Paul Krugma


Je n’ai pas prêté beaucoup d'attention à François Hollande, le président français, puisque clairement, il n’allait pas vraiment se démarquer de l’orthodoxie politique d’austérité destructrice européenne. Mais aujourd’hui, il a fait quelque chose de réellement scandaleux.
Bien entendu, je ne parle pas de sa prétendue liaison avec une actrice, ce qui, même si c’est vrai, n’est à la fois ni surprenant (eh oui, on est en France) ni dérangeant. Non, ce qui est choquant c’est sa façon d’accueillir favorablement les doctrines de droite qui ont été discréditées. Cela nous rappelle que tous les maux actuels de l’économie européenne ne peuvent être attribués entièrement aux mauvaises idées de la droite. Oui, des conservateurs impitoyables et butés ont mené l’économie, mais ils ont été en mesure de le faire grâce à des politiques de la gauche modérée manquant de cran et de volonté.
Aujourd’hui, l’Europe semble émerger de sa récession à deux vitesses et la croissance se relancer un petit peu. Mais ce léger frémissement fait suite à des années de performances désastreuses. A quel point ? Voyons : en 1936, sept années depuis le début de la Grande Dépression, la plupart des pays européens connaissait une croissance rapide, avec un PIB réel par habitant qui avançait vers de nouveaux records. En comparaison, le PIB réel par habitant aujourd’hui est toujours en dessous de son pic de 2007 – et, au mieux, il avance lentement.
Faire pire que lors de la Grande Dépression est, on pourrait le penser, un formidable accomplissement. Comment les européens ont-ils réussi ? Eh bien dans les années 1930, la plupart des pays européens ont finalement abandonné l’orthodoxie économique : ils sont sortis de l’étalon or ; ils ont cessé d’équilibrer leurs budgets ; et certains pays ont lancé d’importantes dépenses militaires qui eurent l’effet secondaire de provoquer une relance économique. Il en résulta une forte relance à partir de 1933.
L’Europe moderne est un endroit bien meilleur, que ce soit sur un plan moral, politique ou humain. Un engagement partagé envers la démocratie a amené une paix durable ; les filets de sécurité sociale ont limité les souffrances dues aux fort taux de chômage ; des actions menées conjointement ont permis de contenir la menace d’un effondrement financier. Malheureusement, le succès du Vieux Continent à éviter le désastre a eu l’effet secondaire de laisser les gouvernements conserver les mesures habituelles. Personne n’a quitté l’euro, même si c’est une camisole de force monétaire. Sans le besoin de donner un coup de fouet aux dépenses militaires, personne n’a rompu avec l’austérité fiscale. Tout le monde fait ce qui est censé être sûr et responsable – et la crise persiste.
Dans ce paysage déprimé et déprimant, la France ne s’en sort pas forcément si mal. Bien entendu, elle reste derrière l’Allemagne, qui a été gardée à flots grâce à son secteur d’exportation incroyable. Mais les performances françaises sont meilleures que la plupart des nations européennes. Et je ne parle pas seulement des nations frappées par la dette. La croissance française a dépassé celle de certains des piliers de l’orthodoxie, que sont la Finlande et les Pays-Bas.
Il est vrai que les derniers chiffres montrent que la France peine à prendre part au frémissement général de l’Europe. La plupart des observateurs, et notamment le Fonds Monétaire International, attribuent cette faiblesse récente en grande partie aux mesures d’austérité. Mais aujourd’hui, Hollande a parlé de ses projets pour changer le destin de la France – et il est difficile de ne pas être désespéré.
Car Hollande annonce son intention de réduire les impôts des entreprises tout en coupant (sans précisions) les dépenses pour compenser ce coût, déclarant "il nous faut agir sur l’offre", et encore un peu plus loin, déclarant que "c’est l’offre qui crée la demande".
Oh punaise. Voilà qui fait écho, presque mot pour mot, à cette théorie fallacieuse aujourd’hui abandonnée connue sous le nom de la Loi de Say – l’affirmation selon laquelle une demande trop faible ne peut se produire parce que les gens doivent bien dépenser leur argent dans quelque chose. Cela n’est simplement pas vrai, et ça l’est encore moins, dans les faits, au début de 2014. Toutes les preuves attestent du fait que la France déborde de ressources productives, à la fois en main-d'œuvre et en capital, qui restent assises à ne rien faire parce que la demande est inadaptée. Pour s’en convaincre, un seul regard à l’inflation suffit, puisqu’elle baisse rapidement. En effet, la France et l’Europe toute entière se rapprochent dangereusement d’une déflation à la japonaise.
Que veut donc dire le fait qu’Hollande ait choisi particulièrement ce moment-là pour adopter cette doctrine qui a perdu de sa crédibilité ?
Comme je l’ai dit, c’est le signe de l’échec du centre gauche français. Pendant quatre ans, l’Europe a été sous la coupe de la fièvre de l’austérité, avec des résultats largement désastreux ; il est révélateur que le léger rebond actuel soit annoncé comme si c’était un triomphe politique. Etant donnée la dureté infligée par ces mesures, l’on se serait attendu à ce que les politiques de centre gauche réclament avec acharnement un changement de cap. Pourtant, partout en Europe le centre gauche a, au mieux (comme en Grande Bretagne par exemple) fait de faibles critiques, à demi-mots, et le plus souvent s’est contenté de grincer des dents et de se soumettre.
Lorsque Hollande a pris la tête de la seconde économie de la zone euro, certains d’entre nous avons espéré qu’il pourrait faire une différence. Au lieu de ça, il est tombé dans le grincement de dents habituel – une posture qui se transforme aujourd’hui en effondrement intellectuel. Et la seconde dépression de l’Europe continue, encore et encore.
Paul Krugman

Thandie Newton : Accepter autrui, s'accepter soi-même

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Speakers Thandie Newton: Actor

Thandie Newton
Swinging from Hollywood blockbusters to sensitive indie films, Thandie Newton brings thoughtfulness and delicate beauty to her work.

Why you should listen to her:

Filmgoers first encountered Thandie Newton in the 1991 film Flirting, a tender and skin-crawlingly honest film about young love and budding identity. In her career since then, she’s brought that same intimate touch even to big Hollywood films (she was the moral center of Mission: Impossible II, for instance, and the quiet heart of the head-banging 2012), while maintaining a strong sideline in art films, like the acclaimed Crash and last year’s adaptation of Ntozake Shange’s For colored girls ...

Born in England, her mother is Zimbabwean, and Newton is active in nonprofit work across the African continent. In 2008, she visited Mali for a campaign to bring clean water to six African nations, and as a V Day board member, Newton visited the Congo earlier this year to raise awareness of the chronic issue of sexual violence toward women and girls.


"Thandie Newton can boast that rarest of combinations - leading-actress looks with a character-actress CV."
Telegraph Read more about Thandie Newton on the TED Blog »


Thandie Newton est une actrice anglaise née le 6 novembre1972, fille d'un père anglais et d'une mère zimbabwienne.

Biographie

Elle passe ses premières années en Zimbabwe mais doit la quitter dès l'âge de quatre ans en raison de l’insécurité due aux troubles politiques. Elle grandit en Angleterre et développe à la London’Art Educational School ses talents en danse et en comédie.

Filmographie


Suzana Herculano-Houzel: Qu'y a-t-il de spécial dans le cerveau humain ?

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SpeakersSuzana Herculano-Houzel: Neuroscientist

Suzana Herculano-Houzel
Suzana Herculano-Houzel shrunk the human brain by 14 billion neurons -- by developing a new way to count them.

Why you should listen to her:

How many neurons make a human brain? For years, the answer has been (give or take) 100 billion. But neuroscientist Suzana Herculano-Houzel decided to count them herself. Her research approach involved dissolving four human brains (donated to science) into a homogeneous mixture -- in her lab at the Institute of Biomedical Sciences in Rio de Janeiro, they call it "brain soup." She then took a sample of the mix, counted the number of cell nuclei belonging to neurons, and scaled that up. Result: the human brain has about 86 billion neurons, 14 billion fewer than assumed -- but intriguingly, far more than other animals, relative to brain size.
She suggests that it was the invention of cooking by our ancestors -- which makes food yield much more metabolic energy -- that allowed humans to develop the largest primate brain. She's now working on elephant and whale brains to test her hypothesis.
"It took me a couple of months to make peace with this idea that I was going to take somebody's brain or an animal's brain and turn it into soup. ... It's really just one more method that's not any worse than just chopping your brain into little pieces."
Read more about Suzana Herculano-Houzel on the TED Blog »

« Pourquoi sommes-nous heureux ? » demande Dan Gilbert

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SpeakersDan Gilbert: Psychologist; happiness expert

Dan Gilbert
Harvard psychologist Dan Gilbert says our beliefs about what will make us happy are often wrong -- a premise he supports with intriguing research, and explains in his accessible and unexpectedly funny book, Stumbling on Happiness.

Why you should listen to him:

Dan Gilbert believes that, in our ardent, lifelong pursuit of happiness, most of us have the wrong map. In the same way that optical illusions fool our eyes -- and fool everyone's eyes in the same way -- Gilbert argues that our brains systematically misjudge what will make us happy. And these quirks in our cognition make humans very poor predictors of our own bliss.

The premise of his current research -- that our assumptions about what will make us happy are often wrong -- is supported with clinical research drawn from psychology and neuroscience. But his delivery is what sets him apart. His engaging -- and often hilarious -- style pokes fun at typical human behavior and invokes pop-culture references everyone can relate to. This winning style translates also to Gilbert's writing, which is lucid, approachable and laugh-out-loud funny. The immensely readable Stumbling on Happiness, published in 2006, became a New York Times bestseller and has been translated into 20 languages.

In fact, the title of his book could be drawn from his own life. At 19, he was a high school dropout with dreams of writing science fiction. When a creative writing class at his community college was full, he enrolled in the only available course: psychology. He found his passion there, earned a doctorate in social psychology in 1985 at Princeton, and has since won a Guggenheim Fellowship and the Phi Beta Kappa teaching prize for his work at Harvard. He has written essays and articles for The New York Times, Time and even Starbucks, while continuing his research into happiness at his Hedonic Psychology Laboratory.

"Gilbert's elbow-in-the-ribs social-science humor is actually funny. ... But underneath the goofball brilliance, [he] has a serious argument to make about why human beings are forever wrongly predicting what will make them happy."
New York Times Book Review Read more about Dan Gilbert on the TED Blog »



X-Rays Of Everyday Objects Will Blow You Away With Their Beauty

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Forget broken bones in doctor's offices and suitcases at the airport. Artist Nick Veasey turns his x-ray machine on the whole world, and these pictures will make you see it in an entirely new way.

This Choir Might Restore Your Faith in Humanity

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At first glance, a choir may seem like nothing more than a group of singers. But look a little closer. Conductor Eric Whitacre's performers don't simply sing. They remind us of what it means to be truly connected.
Eric Whitacre's first TED talk, "A Virtual Choir 2,000 Voices Strong," was the basis for one of our most popular TED Weekends programs from the past year. So we decided to bring it back in time for the holiday season. In 2013, Whitacre followed up his initial video with an even more ambitious project, Virtual Choir Live, and we're encouraging our community to weigh in on how this powerful combination of technology and music is changing the way we think about collaboration and global unity.


SpeakersEric Whitacre: Composer, conductor

Eric Whitacre
After creating and conducting a worldwide virtual choir on YouTube, Eric Whitacre is now touring with an astonishing live choir.

Why you should listen to him:

Eric Whitacre began his music career singing in his college choir; by 21, he had written his first concert work, Go, Lovely Rose, and advanced to Juilliard, where he studied under John Corigliano. Today,he has published more than four dozen choral works, conducted in some of the most esteemed halls in the world, and featured on dozens of recordings. His album Cloudburst and Other Choral Works earned him a Grammy nomination in 2007, as did his Decca debut Light & Gold, while his new album, Water Night, debuted at #1 in US iTunes classical charts.
You may know him, too, as the creator and conductor of the virtual choir, a network of YouTube-connected singers whose voices blend together online to become true magic. And he's now touring with the Eric Whitacre Signers, a 28-voice choir (yes, they're all in the same room).
"What hits you straight between the eyes is the honesty, optimism and sheer belief that passes any pretension. This is music that can actually make you smile."
The BBC Read more about Eric Whitacre on the TED Blog »




Onze helden zijn terug!

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